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Amour, gloire et beauté

Satirique Dessin
En retard sur ses voisins européens le gouvernement français s’élève contre « l’anorexie chic » que l’on retrouve sur les couvertures de magazines et en assistant aux grands défilés.

Préambule :

 

C’est avec les dents serrées, le visage abattu que le monde de la mode va affronter le mois d’octobre. Dans un dernier souffle, le quinquennat de notre ancien président François Hollande offre aux marques et agences de mannequins un panier garnis de législations concernant les photos retouchées ainsi que des mesures sur la santé des mannequins. En retard sur ses voisins européens (si rare pourtant…) le gouvernement français s’élève contre « l’anorexie chic » que l’on retrouve sur les couvertures de magazines et en assistant aux grands défilés. La loi dite « Marisol Touraine » adoptée le 5 mai 2017 suivie de deux décrets d’application entrera en vigueur le 1er octobre de cette même année.

 

En plus de ces avancées qui viennent bousculer les codes instaurés dans le monde de la mode, la fashion sphère à le cœur fendu lorsqu’elle apprend que les groupes LVMH et Kering ont institué une charte sur les relations de travail et le bien être des mannequins en application depuis le 25 septembre à Paris lors de la fashion week.

 

Photoshop ou l’art de voir des défauts là où il n’y en a pas :

 

Que cela soit pour des publicités de tee-shirt Tatie à 5 euros où il est inscrit « je suis une princesse » ou pour des manteaux en peau de loups Chanel, les experts de Photoshop sont toujours à l’appel. À la commande des marques, ces dieux de la retouche créent des créatures irréelles en creusant les joues, rabotant le nez et en réduisant le tour de taille de 10 cm. Quel est le projet ? laisser mourir une partie des lectrices de Elle ou Vogue en pleine grève de la faim pour qu’elles puissent rentrer dans un jean taille 12 ans ? Faire augmenter la consommation nationale de coupe faim chez les adolescentes hystériques rien qu’à l’idée de savoir qu’il y a la fashion week à Paris ? Ou bien sont-ils vraiment convaincus que l’idéal féminin (comme masculin) est d’avoir l’air terriblement malade ? Cette mutilation des corps qui ne connaissait aucune limite est dorénavant contrôlée. Le législateur a en effet décidé que ces retouches devront être signalées sur chaque publicité et ce à partir du 1er octobre. Le monde de la mode est alors face à deux possibilités : nous laisser enfin penser que personne n’est à l’abri d’un peu de cellulite ou bien continuer à nous vendre leur idéal inaccessible assorti d’un « désolé mais nous ne pouvons nous résigner à penser que la beauté commence par paraitre en bonne santé ».

 

 

La devise « plus tu maigris, plus tu donnes envie » :

 

Dans ce monde impitoyable, la taille 40 est une utopie, le 38 un cauchemar, le 36 une réalité dure à digérer, le 34 un maximum exigé et le 32 une norme à adopter. Parce qu’il faut bien gagner sa vie, les mannequins se privent alors du plaisir d’un barbecue, d’une bonne raclette contre un régime à base pain Wasa et de salade-vinaigrette à part. La peau sur les os c’est tout ce qu’il faut. Avec une obsession pour les corps décharnés les grandes marques ne feraient-elles pas une erreur stratégique ? Le but premier d’un défilé est de vendre (même si je doute qu’un chapeau en sac poubelle Martin Margiela donne envie) mais avec des vêtements taillés dans des patrons taille enfant et des modèles qui ont un regard «  SOS, j’ai faim »  comment pousser les consommatrices à acheter ? Alors que seulement 0,7 % de la population prétend rentrer dans un pantalon taille 34, les marques ne peuvent vendre leurs vêtements qu’aux mannequins qui défilent pour elles (pas très malin). Nouveauté d’octobre 2017, les mannequins devront désormais fournir un certificat médical datant de deux ans maximum aux agences de mannequins attestant de leur bon état de santé général. D’un IMC de minimum 18,5, les mannequins en dessous de ce seuil imposé ne pourront plus faire office de porte manteaux pour les grandes marques. La charte LVMH et Kering rajoute qu’elle exige de ces groupes que la taille 32 soit remplacée par une taille 34. Le monde de la mode est alors face à deux possibilités : demander pardon à la société pour ces décennies de dictat de la maigreur et engager des mannequins directement en taille 38 ou rentrer dans l’illégalité en falsifiant les certificats médicaux non conforme à leurs attentes.

 

La puberté, amie des défilés :

 

Quoi de mieux que d’engager comme mannequins des enfants de 14 ans ? Plats comme des limandes, que le brevet à passer à la fin de l’année et il est souvent plus facile de leur faire accepter certaines exigences, les mineurs peuvent être du pain béni pour les maisons de haute couture. Dans une société où la recherche d’une nouvelle jeunesse n’a jamais été forte, la mode vogue sur cette vague et nous présente à chaque défilé des modèles de plus en plus jeunes. N’y aurait-il pas un problème de conscience ? À l’âge de faire des soirées pyjama, de porter encore des sous-vêtements Petit bateau et de savoir depuis peu que le père Noel n’existe pas, ces mineurs font en réalité tout autre chose. Ils sont scrutés en train de se pavaner en talons de 12 centimètres sur les plus grands défilés. Troquant le doudou par une petite coupe de champagne dans les after shows, les pré pubères affrontent les regards envieux des adultes loin de cette jeunesse si vite partie. La charte LVMH et Kering annonce que dorénavant, les mineurs de moins de 16 ans sont interdits de défilés et de shooting. On reste ici dans la demi-mesure, loin de l’idée de prendre des risques. Peur de ne plus trouver leur bonheur sur le marché des mannequins majeurs ?

 

                                                                                                                                 Une taille 42
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