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Notre mer

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Si notre mer fut un temps témoin des premiers développements d'un commerce international maritime, elle fut ces dernières années le théâtre de tragédies et de naufrages meurtriers.

« Le creuset de la civilisation et le creuset de la mer Méditerranée ne font qu’un », affirmait Élisée Reclus, géographe du XIXème siècle.

 

Lorsque les romains évoquaient la Mare Nostrum, ils désignaient la Mer Méditerranée ainsi que les pays bordant celle-ci. Cette expression signifie "Notre mer", marquant la domination romaine de l'époque. Elle est une "mer au milieu des terres", d'où son nom issu du latin "mare medi terra", et le symbole d'un bassin méditerranéen uni. Elle est entourée par 21 Etats, à savoir les pays d'Europe du Sud, d'Afrique septentrionale et d'Asie occidentale, qui conformément au droit international public possèdent le territoire s'étendant de leur frontière terrestre jusqu'à l'extrêmité de la mer territoriale, celle-ci mesurant 12 miles marins. Le cas de la Mare Nostrum est particulier, car peu d'Etats du bassin Méditerranéen ont revendiqué une Zone Economique Exclusive (allant jusqu'à 200 miles marins), malgré sa reconnaissance comme un droit inhérent à chaque entité étatique depuis la convention de Montego Bay de 1982. Cela s'explique par le fait que, si chaque Etat avait renvendiqué une ZEE, la Méditerranée, de par sa surface, appartiendrait entièrement aux Etats qui l'entourent. La France a pour sa part revendiqué une ZEE sur la Méditerranée par un décret du  12 octobre 2012, entraînant la création de droits souverains en ce qui concerne l'exploitation des ressources naturelles s'y trouvant, ainsi que de nouvelles compétences pour la préservation du milieu marin, pour la recherche scientifique et la mise en place d'îles artificielles, d'installations et d'ouvrages. L'objectif de la France en créant cette ZEE était de lutter contre la surpêche et de gérer de façon optimale ses ressources biologiques. La création de ZEE sur la mer Méditerranée fait partie des discussions de la Commission Européenne, qui encourage ce type d'initiatives car «Les ZEE pourraient ouvrir la voie à une politique d’aménagement du territoire plus efficace, susceptible à son tour d’attirer des investissements et d’autres activités économiques» (communique du 11 juillet 2013).

 

La Convention de Barcelone de 1976, qui rassemble l'intégralité des Etats du bassin méditerranéen, visait à protéger la Mare Nostrum sur le plan environnemental, d'y réduire la pollution et d'améliorer le milieu marin. Ces préoccupations sont à l'heure actuelle de plus en plus cruciales, des îles de déchets y ayant fait leur apparition. France Info, en 2015, déclarait que la mer Méditerranée était la mer la plus polluée du monde, 250 milliards de déchets plastiques y stagnant.

 

 Les Etats se sont donc entendus pour préserver ensemble cette mer qui fut pourtant jadis déchirée par les enjeux entourant son partage territorial. Elle fut également le lieu de nombreux actes de piraterie, notamment lorsque le commerce maritime était développé par les romains. Les échanges avaient essentiellement lieu entre les pays chrétiens et musulmans. Les géographes musulmans l'appelaient d'ailleurs la "Mer des romains", tandis que des manuscrits juifs la qualifiaient de "Mer Salée", pour la distinguer du Nil. Une réelle civilisation méditerranéenne naquit, les Etats côtiers étant réunis par des intérêts commerciaux et l'ambition d'un développement urbain. « Jusqu’à présent on n’a découvert dans les îles indiennes aucune mer méditerranéenne comme il existe en Europe, en Asie et en Afrique», déclarait le philosophe portugais Uriel da Costa en 1604.  Les romains y développèrent également les guerres navales, et de par sa position la mer Méditerranée fut le siège de nombreux essais de la part des romains, qui y faisaient naviguer des bateaux de plus en plus élaborés.

 

Si notre mer fut un temps témoin des premiers développements d'un commerce international maritime, elle fut ces dernières années le théâtre de tragédies et de naufrages meurtriers : plus de 22 000 migrants seraient morts en tentant de gagner l'Europe depuis 2000. De nombreux migrants, principalement syriens ou originaires d'Afrique subsaharienne, fuyant la guerre et la misère s'y noyèrent, et c'est après le naufrage de Lampedusa du 3 octobre 2013 (366 morts) que la marine de guerre italienne lancera l'opération militaire et humanitaire "Mare Nostrum" le 15 octobre 2013. Suite à son échec, elle sera remplacée par l'opération "Triton" initiée par l'Union Européenne le 1er novembre 2014. Il faut toutefois retenir que l'opération "Mare Nostrum" permit de sauver plus de 150 000 vies. Elle fut critiquée pour avoir facilité les passages clandestins de migrants en Italie.

           

L'opération Triton a aujourd'hui pour but principal de contrôler les frontières, tandis que l'opération Mare Nostrum avait une réelle vocation de sauvetage. A la suite de son arrêt, de nouvelles tragédies eurent lieu près de Lampedusa, notamment celle du 12 avril 2015 qui entraîna la mort d'environ 400 migrants, suivi du naufrage de la nuit du 18 au 19 avril 2015 qui causa la mort de 700 personnes. Le Haut-Commissariat des Nations Unies mentionna «une hécatombe jamais vue en Méditerranée».

 

L'heure de gloire de la Mare Nostrum semble terminée, étant aujourd'hui marquée par la pollution et des drames humains. Il ne faut cependant pas perdre espoir, et garder à l'esprit son histoire, celle d'une mer qui ne se contentait pas de lier plusieurs rives, mais qui créait une réelle unité, et qui la crée encore à l'heure actuelle, comme en témoignent nos cultures. La prise de mesures adaptées permettra un jour, espérons le, de redonner à notre mer sa vocation première, celle d'être un lieu d'épanouissement, de partage et d'échange des cultures.


            Laura Jalabert

 


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