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Vers une nouvelle décennie d’intelligence artificielle : rapide retour sur une technologie incontournable

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L’intelligence artificielle a trouvé aujourd’hui sa place dans presque tous les domaines de la vie courante mais aussi dans le milieu scientifique. Il est aujourd’hui difficile de concevoir des technologies sans intelligence artificielle.

Il est facile de trouver un très grand nombre d’applications concrètes à l’intelligence artificielle, elle permet d’envoyer des messages en utilisant uniquement sa voix, de faire voler et atterrir les avions, de rendre la justice, de tricoter des chapeaux, de chercher sur le web, de peindre des tableaux dignes des plus grands peintres, de jouer aux échecs quand on n’a pas d’ami, … Elle permet aussi dans le domaine scientifique d'accélérer les recherches, de multiplier les calculs, ... .

 

Cette intelligence artificielle qui est aujourd’hui incontournable est cependant une technologie parfois méconnue qui gravite au centre de multiples idées reçues.

 

Comme le disait l’institutrice, ce n’est pas parce qu’on copie qu’on est intelligent

 

L’intelligence artificielle est un ensemble de procédés et de techniques visant à reproduire l’intelligence humaine, un ensemble de tentatives de reproduire le fonctionnement du cerveau humain. Elle serait donc un mélange de mathématique, d’informatique et de neurobiologie pour les intelligences artificielles les plus complexes.

 

L’un des premiers à traiter de cette intelligence est Alan Turing, mathématicien britannique, qui au travers d’un article Computing Machinery and Intelligence se demande en 1950 si les machines pourraient penser. Le test qu’il met en place dans cet article, vise à proposer à une personne de discuter avec deux interlocuteurs, d’abord un interlocuteur humain puis une machine à laquelle on aurait appris des réponses sensées. Si la personne n’est pas en mesure de les différencier, on pourrait en conclure que la machine est intelligente.

 

Cette notion d’intelligence est aujourd’hui remise en question, l’étendue de cette intelligence ne serait en effet qu’une très grande connaissance. La traduction de l’anglais artificial intelligence ne signifierait pas une intelligence artificielle mais plutôt une connaissance artificielle. La Central Intelligence Agency ou CIA (pour les amoureux des sigles) est bien une agence centrale de renseignements et non pas d’intelligence. Ce serait alors par le biais d’une connaissance très étendue que la machine mimerait l'intelligence humaine.

 

Quand on dit à son toaster intelligent, Ok Magalie, est-ce que tu es intelligente ? Elle sait ou non ce qu’elle doit répondre mais ne réfléchit pas vraiment à la réponse.

 

On construit aujourd’hui des programmes sur la base du fonctionnement d’un cerveau humain, on reproduit les processus cognitifs du cerveau, à l’aide de réseaux neuronaux artificiels. C’est à l’aide de cette base que l’on peut construire certaines intelligences artificielles. Pour les reconnaissances d’image par exemple, le neurone apprend automatiquement de différents exemples pour généraliser ensuite, cela lui permettrait par exemple de reconnaître des anomalies ou encore des ressemblances. Si Magalie, (l’assistant de notre toaster) connaissait beaucoup d’images, elle saurait peut-être reconnaitre l’image de Jésus sur un toast ou celle de Dark Vador, on ne sait jamais.

 

L’intelligence artificielle est une technologie qui n’est cependant pas purement artificielle, puisqu’elle ne serait rien sans l’être humain. Les craintes autour de l’intelligence artificielle ne seraient en réalité que des considérations humaines, comme les questions de morales et d’éthique.

 

Et si le grand méchant loup n’était pas l’intelligence artificielle mais bien l’être humain ?

 

L’intelligence artificielle est aujourd’hui au cœur d’une multitude de fantasmes, qui sont pour certains relayés par une naturalisation de l’intelligence artificielle. On retire à cette technologie tous les êtres humains qui se cachent derrière elle pour lui donner une dimension quasi humaine. Cette personnification fait naître chez certains les angoisses et les craintes d’une intelligence artificielle digne de la science-fiction.

 

La personnification d’une intelligence artificielle ou d’un robot est accrocheur dans les articles de presse, pour ne prendre qu’un exemple, quand la Dépêche titre “une femme meurt étranglée par son robot multi-cuiseur”, on peut se demander si le soulèvement des machines a commencé. Mais dès lors qu’on en approfondit la lecture c’est en réalité le foulard, coincé dans le multi-cuiseur qui a étranglé la victime, nous ne vivons pour autant pas un soulèvement des foulards. Ce qui ne peut paraître n’être que des subtilités de langage, trouvent tout de même son importance dès lors que cela vient enrichir l’imaginaire collectif.

 

Pour reprendre l’exemple de Magalie de notre toaster, les risques que dans un élan de révolution et de soulèvement des robots, elle décide au moment même où vous retiriez votre pain, de vous croquer la main restent extrêmement improbable. Concevoir les intelligences artificielles comme des intelligences réelles qui ont vocation à évoluer par leur propre biais et à se transformer en des êtres intelligents relève encore aujourd’hui de l’imaginaire collectif. Si la machine n’est pas programmée pour vous croquer la main, elle ne devrait pas développer cette capacité d’elle-même.

 

Pour les mêmes raisons, les voitures autonomes ont beaucoup fait parler d’elles. En effet le MIT ou Massachusetts Institute of Technology (pour les réfractaires aux sigles) a lancé une étude éthique (Machine Morale), afin de demander au public, qui, dans le cas d’un crash inévitable la voiture devrait sacrifier. Le participant devait alors choisir qui devrait survivre ou mourir en prenant en compte les différents éléments et les différentes situations. Cela permet de réfléchir à la manière dont la voiture devrait réagir face à un dilemme moral. On donnait ainsi le pouvoir de vie ou de mort à la machine alors qu’en réalité tous les choix qui pourraient être fait ne seraient que l'aboutissement de la programmation et de la morale d’êtres humains en chair et en os derrière leurs écrans. On échange ainsi les rôles et les responsabilités. Il est toujours plus facile de penser que l’erreur vient de la machine alors que l’erreur est humaine.

 

On ne peut pas aujourd’hui séparer l’être humain de l’intelligence artificielle. Les décisions de l’intelligence artificielle ne sont en réalité que le prolongement de l’intelligence et de la bêtise humaine. Un des exemples les plus marquant est celui du chatbot Tay, intelligence artificielle auto-apprenante visant à converser et à divertir les internautes. Cette intelligence développée par Microsoft a appris au contact des internautes. Certains internautes en ont cependant profité pour jouer un tour malveillant à l’intelligence en lui faisant apprendre sur la base de propos racistes ou antisémites par exemple. Elle a ensuite formulé des propos racistes et antisémites. Ce sont les données des internautes, qui ont corrompu l’intelligence alors que celle-ci n’a fait que jouer le jeu. Les intelligences artificielles ne sont en réalité qu’une illusion d’intelligence et une illusion de compréhension.

 

L’intelligence artificielle est une technologie qui permet de très grandes avancées et qui pourrait permettre de faire de grandes choses. Il ne reste cependant qu’à espérer que sa route ne soit pas semée d’idiots.
 

Rachel DELPIERRE


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