Le défi «Frontex»:
De quoi s’agit-il ?
Il s’agit de l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’Union Européenne, elle est surnommée de manière plus simplifiée « Frontex». Elle doit gérer les flux de population migrante qui tentent de franchir les frontières de l'Union Européenne autant par voie maritime que par voie terrestre.
Une organisation européenne, Frontex, à la « dérive » ?
Son pouvoir, d'un point de vue du droit de l'union, n’a cessé de s’accroître dernièrement, néanmoins une enquête récente menée par plusieurs journalistes démontre un manquement au niveau des droits fondamentaux.
Cette enquête a été menée par des journalistes anglais travaillant pour le « Guardian» associés au site d’investigation allemand «Correctiv». Et cette enquête est assez révélatrice puisque certains rapports propres à l’agence Frontex font état de violation des droits fondamentaux de réfugiés.
En effet, les sauvetages effectués en mer seraient remis en doute, notamment car ils manqueraient d’une transparence suffisante. En effet, le « Correctiv» affirme qu’il existe «un terrible doute, dont les sauveteurs en mer parlent à demi-mot et qui entame la conscience de l’Europe […]». En 2017, une plainte a été également déposée par Arne Semsrott (un journaliste allemand) ainsi que par la militante espagnole Luisa Izuzquiza contre Frontex pour « manquement à l’obligation de transparence ».
Quels enjeux à terme ?
Le premier enjeu consisterait à lever les doutes en menant des actions de sauvetage en coopération avec les ONG (organisations non-gouvernementales), qui travaillent d’arrache-pied et souvent contre les États membres ainsi que la législation européenne. Les ONG estiment effectuer un travail que Frontex ne réaliserait pas, toutefois Frontex s'en défend.
L’exemple récent d’Aquarius (bateau de sauvetage appartenant à « SOS Méditerranée ») démontre l’incapacité totale de Frontex à « prendre le taureau par les cornes », en contraignant les États membres de l’UE à accueillir sans délai puis à se répartir de manière proportionnelle les migrants venus surtout d’Afrique, au nom du droit d’asile relatif aux articles 67, 78, et 82 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne. Frontex a notamment critiqué, décrié les actions de l’Aquarius accusé de « complices des passeurs de migrants ».
Un tel climat de défiance nuit aux actions de l’Union européenne. En outre, une meilleure coordination entre les États membres et l’agence Frontex permettrait à celle-ci d’être accréditée de plus de légitimité dans les années à venir, principalement face aux prochaines vagues d’arrivées que va devoir gérer l’Union européenne d'ici à 2030.
Enfin, Frontex est fortement décriée par l’ONG « SOS Méditerranée », qui s'estime bien plus transparente au sujet de ses opérations de sauvetage en mer méditerranée, grâce particulièrement aux nombreux témoignages récoltés. En conséquence, l’importance de cette ONG démontre ainsi le manque de poids de l’agence Frontex. Celle-ci doit nécessairement se réorganiser en profondeur dans les prochaines années, pour réaffirmer son rôle. C’est un des défis de l’Union européenne, mais un défi majeur, vital même car le temps presse.