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Élections européennes : qu'en pensent les jeunes ?

L’ENTRETIEN DANS TOUS SES ETATS

En 2019, l'Europe changera. Mais dans quel sens ?

 

            Les élections européennes vont être l'occasion pour chaque citoyen européen des vingt-sept États membres de l'Union européenne d’élire ses représentants au Parlement européen pour les cinq prochaines années. Dans l'Hexagone, le vote se déroulera le 26 mai afin de choisir les soixante-dix-neuf députés européens (sur sept-cent-cinq au total) qui représenteront la France au sein de cette institution communautaire.

Emploi, immigration, climat, libre-échange... ce scrutin s'annonce déjà déterminant à bien des égards. Entre europhiles et eurosceptiques, qui obtiendra la majorité de députés au Parlement européen ?

 

            Aujourd’hui, l'Europe est à la croisée des chemins tant les crises s'accumulent en son sein : crise économique et financière, crise migratoire, montée des partis « populistes », Brexit... etc. À cela s'ajoute une crise démocratique et représentative, comme c'est le cas en France, avec le mouvement des Gilets Jaunes qui souhaite à présent s'inviter dans la bataille européenne.

Ainsi, entre attachement, méfiance et pessimisme, les peuples européens semblent plus divisés que jamais sur les suites à donner aux orientations politiques du continent... 

 

            Mais après plus de soixante ans de construction européenne, nous sommes désormais en droit de nous interroger sur les réussites et les échecs de l'Europe, en particulier pour les nouvelles générations.

Nous les jeunes, qui avons toujours connu l'Europe post-Maastricht, qu'attendons-nous aujourd'hui de l'Europe ? Quelle sera l'Europe de demain ? Quel projet voulons-nous pour notre avenir ? Nous avons décidé de donner la parole à quatre jeunes étudiants pour répondre à toutes ces questions : Gwenaël Saby (étudiant en L3 Droit général) ; Quentin Uzero (étudiant en M1 Droit pénal ; Justine Morin (étudiante en M1 Droit des affaires) et Enzo Houari (étudiant en L2 Droit général).

 

 

Le Décodé : Qu'est-ce que l'Europe ?

 

G.S. : L'Europe correspond à un idéal de coopération, de travail en commun et de progrès. L'UE, en revanche, est loin d’être parfaite. Néanmoins c’est un but à atteinte, il faut toujours travailler davantage afin d’améliorer l'UE malgré quelques errements.

 

Q.U. : L'Europe m'inspire avant tout la fraternité. C'est l'idée selon laquelle on dépasse les anciens clivages pour essaye d'avoir un avenir commun, qu'il soit économique ou sociétal. Pour avoir rencontré beaucoup de jeunes européens, je me sentirais plus proche d'un jeune européen qui vient de Roumanie avec des opinions proches des miennes que d'un jeune français qui n'a pas mes opinions. C'est devenu assez absurde et dépassé de se dire que les peuples n'ont rien en commun. Au contraire, on se rapproche de plus en plus, donc autant créer un espace commun tel que l'UE qui nous rassemble autour de valeurs communes.

 

J.M. : Pour moi, l’Europe reste avant tout un continent. Ce n’est que dans un deuxième temps que je peux l’associer à l’UE, mais essentiellement à cause de l’abus de langage. Pour moi l’Europe et l’UE sont deux notions séparées et cela me gêne quand j’entends cet abus de langage. Je vais le comprendre sans l’apprécier. Comme les Hollandais ne correspondent pas aux Néerlandais, l’UE ne correspond pas à l’Europe.

 

E.H. : Quand j'entends parler d'Europe, je pense beaucoup à l’histoire, à l'histoire du continent, à l'histoire de la civilisation européenne. Malheureusement, me vient l'idée qu'aujourd'hui, l'Europe souffre beaucoup, les peuples européens et la culture européenne souffrent beaucoup.

 

 

Europe fédérale ou Europe des nations ?

 

G.S. : Il existe une souveraineté européenne mais elle n'efface pas, selon moi, la souveraineté des États et le libre consentement de ces derniers de déléguer certaines de leurs prérogatives à l'UE. Pour certains points de vue internes, il faut conserver une souveraineté nationale forte, notamment s'agissant de certaines prérogatives régaliennes comme les affaires étrangères. Je pense que nous ne sommes pas encore prêts à évoluer vers un modèle fédéral, on n’efface pas cinquante ans de construction européenne comme cela. Il faut bien sûr d’avantage de coopération entre États mais sans forcément aller jusqu'à une fédération.

 

Q.U. : Je suis pour un modèle plus fédéral mais je suis contre ceux qui parlent « d'États-Unis d'Europe ». Je pense que notre force c'est de ne pas copier les États-Unis mais au contraire de créer notre propre fédéralisme. Ce qui est génial, c'est qu'on a plein de possibilités ouvertes afin de créer un fédéralisme sur-mesure. La nation reste importante, on place souvent d'abord l'identité française avant l'identité européenne. Ce serait frustrer les peuples européens que de nier cette souveraineté qu'il nous reste encore aujourd'hui. Il faut donc aller vers un fédéralisme intelligent qui nous correspond avec un respect des souverainetés des États pour ne pas mettre en conflit ces derniers avec les institutions européennes.

 

J.M. : Le modèle fédéral implique un gouvernement central politique. Or, l’UE, pour ma part, doit être vue comme une union économique, voire sociale, mais pas politique dans le sens où elle dirige les pays. Elle peut être politique dans le sens où elle permet des échanges et de la coopération, mais elle ne doit pas venir asservir ses États membres. Tant que l’UE ne deviendra pas une fédération ou une confédération, il ne peut pas y avoir de souveraineté, ou du moins pas reconnue par tous. Les populations s’identifient du fait de leur nationalité et non pas par leur appartenance à une organisation internationale. La nationalité, et tout ce que cela induit comme la langue, la culture, est un point commun assez fort pour rassembler, au contraire de ce qu’est actuellement l’UE. De plus, chaque État dispose de sa propre souveraineté. Instaurer une souveraineté européenne reviendrait à limiter voire nier une souveraineté étatique, ce qui entrainerait une disparition de la raison d’être des États. Ni les populations ni les États ne sont prêts à voir cela.

 

E.H. : Fondamentalement, le modèle fédéral se base sur l'idée d'une souveraineté européenne parce que dans son objectif à long terme, il est prévu de donner aux nations le rôle le plus petit possible. C'est une logique très ancienne qui date de Jean Monnet. Il faut donc petit à petit désarmer les nations jusqu'à ce qu'au final ce ne soit plus que des aires culturelles relativement vagues et qu'il n'y ait plus d'attributs régaliens de leur souveraineté. L'Europe fédérale est donc basée sur un non-sens total.

En revanche, l'Europe des nations prend en compte l'histoire. Elle respecte l'histoire des peuples d'Europe en affirmant que chaque nation a un droit fondamental à exister et que chaque peuple a le droit de s'autodéterminer. Dans tous les cas, c'est le peuple qui décide, sinon ça s’appelle une dictature. Qu'est ce qui compte le plus ? Est ce qu'on fait une UE dont l'objectif fondamental est d'assurer une économie commune ou alors on se dit que rien ne peut remettre en cause la légitimité du peuple, qu'il ait raison ou pas ? Il n'y a que le peuple qui peut décider, sinon il n'y a pas de raison de vivre ensemble. À quoi sert la démocratie si finalement on la renie ?

 

 

Frontières & immigration.

 

G.S. : L'Europe a incontestablement échoué sur la question migratoire, qu'il s'agisse du contrôle de nos frontières ou de la répartition des migrants qu'on accueille, c'est indéniable. C'est pour cela que je suis favorable à davantage de souveraineté européenne. L'Europe actuelle est trop faible pour protéger nos frontières et réguler les migrations.

Le modèle théorique fonctionne mais il faut donner plus de pouvoir à l'UE sur ces questions-là.

 

J.M. : La renégociation du traité Schengen peut être une solution intéressante à condition qu'elle permette de mieux contrôler les frontières européennes. Il faut adapter ce contrôle selon la vulnérabilité des États tout en conservant une ouverture entre États membres pour ne pas entraver le libre échange sur le marché européen.

 

E.H. : Chaque nation a ses propres objectifs. Pour certaines nations, il est impératif d'un point de vue économique d’accueillir une immigration, notamment l'Allemagne qui perd deux-cent-mille habitants par an. Soit on met en œuvre une politique des naissances, soit on a recours à l’immigration.

Pour le cas de la France, je pense qu'il est déraisonnable et même fou d'accepter toujours plus d'immigration. Je suis d'autant plus sensible à cela, étant mois même issu de l'immigration, je sais ce qu'est un pays qui conserve sa propre culture. Il n'y a aucun bien ni mal là-dedans, c'est un choix. Je pense que ce choix est suffisamment important pour être digne d’être mené.

 

 

Le BREXIT.

 

Q.U. : Je suis pro-européen, j'étais donc contre le Brexit, mais maintenant que le peuple britannique a voté, je pense que ce serait peut-être la plus grosse erreur de l'UE si pour finir on les refaisait voter et qu’ils décidaient de rester. Ce serait donner du pain aux populistes.

Ils ont décidé de partir, il faut donc qu'ils partent. Maintenant que le processus en engagé, il faut respecter le choix des Britanniques, même s'il est douloureux. Il faut donc aller vers cette rupture inévitable avant de peut-être un jour, pourquoi pas, que les Britanniques reviennent au sein de l'UE.

 

J.M. : Le Brexit n’était que la continuité logique de la place du Royaume-Uni au sein de l’UE. Dès le moment où les Britanniques ont adhéré à l’UE, ils n’étaient pas pleinement intégrés. Et cela a perduré. Les régimes d’opt in et d’opt out dont ils ont bénéficié démontrent ce qu’il se passe aujourd’hui ; ils sont d’accord pour coopérer sur certains points mais pas tous. Ils souhaitent obtenir les avantages de l’Union sans les inconvénients. Soit on est entièrement dans l’organisation et l’Union est unique et uniforme, soit on n’y est pas entièrement et l’Union ne mérite pas ce nom. Soit on a tout, soit on n’a rien. Cependant, pour le moment cela a fonctionné pour eux et si l’UE cède face à leurs exigences dans le cadre du Brexit, cela prouvera la faiblesse de l’UE à ne pas savoir être un seul bloc et pas un bloc avec de multiples aspérités.

 

E.H. : La première fois que j'ai entendu parler du Brexit, je me suis dit : ENFIN ! Du fait de leur histoire, les Anglais n'ont jamais vraiment été les bons élèves de l'Europe, ils ont toujours souhaité garder une part de leur souveraineté, c'est leur spécificité. Sincèrement, si j'avais été anglais, je suis quasiment sûr que j'aurais voté le Brexit. Par principe, on ne peut pas laisser une partie de notre souveraineté à des gens qui ne rendent de compte à personne, comme les commissaires européens. C'est l’équivalent d'un pouvoir exécutif mais qui ne rend aucun compte. Cela s'appelle l'Ancien Régime.

Je ne sais pas si l'avenir du Royaume-Uni sera meilleur ou non avec le Brexit, mais désormais c'est lui qui possède les clés de son propre avenir, ce qu'il avait en partie perdu au sein de l'UE.

Souvent il y a le choix entre la liberté et la tranquille servitude, les Britanniques ont fait le choix de la liberté.

 

 

FREXIT ?

 

Q.U. : Il suffit de regarder le Brexit pour avoir la réponse. Même s'il y a des eurosceptiques, il n'y a aucun pays dans l'UE où il y a vraiment une envie forte de quitter cette dernière depuis le Brexit. Aujourd'hui, tout le monde se rend compte qu'on ne peut s'en sortir seuls.

Le Royaume-Uni avait parié sur l'appui des États-Unis, mais, depuis l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, ils se retrouvent un peu seuls. Ils n'ont plus ces liens qu'ils avaient par le passé avec leurs anciennes colonies. Ils vont donc se retrouver seuls face à un rapport de force avec des économies beaucoup plus fortes dans le monde entier mais aussi face à une UE soudée qui va défendre ses intérêts face au Royaume-Uni. Les Britanniques ont donc tout perdu.

Même s'il y a des mouvements eurosceptiques, je ne pense pas qu'il y aura demain la veille un Frexit, un Italoxit ou un Espanoxit. On est la nouvelle génération pro-européenne, on a connu que cela et on a grandi avec cela, c'est donc une idée que l'on accepte.

 

J.M. : Si la négociation du Brexit réussit pour le Royaume-Uni, pourquoi tous les États ne feraient-ils pas la même chose ? Pourquoi ne voudraient-ils pas tous d’un régime de faveur avec les avantages et sans les inconvénients ?

La stabilité de l’UE n’est pour l'instant pas menacée même si elle peut paraitre affaiblie. Toutefois, je pense que cela ne peut être que bénéfique pour l’Union. Tant que l’euroscepticisme ne touchait que des pays avec une importance moindre, on y portait que trop peu d’attention. Maintenant qu’un État fondateur est gouverné par des eurosceptiques, cela va remettre la question sur le devant de la scène. On va enfin se questionner sur le pourquoi de cet euroscepticisme et ce qu’il faut changer afin d’y répondre. L’importance grandissante de l’euroscepticisme ne peut que forcer l’UE à se remettre en cause et à se demander ce qui ne va pas. La remise en cause est un des moyens les plus efficaces afin d’apprendre et s’améliorer.

 

E.H. : Je sais que certaines personnalités le proposent comme Florian Philippot ou François Asselineau, mais fondamentalement ce ne serait pas une solution proportionnée au moment que nous vivons. Non pas que je ne sois pas favorable à ce que la France retrouve sa souveraineté, mais l’optique du Frexit c'est d'abord et avant tout de reprendre en main tout ce qui concerne la vie économique et politique de la Nation. À l'heure actuelle, c'est la deuxième priorité. Il y a une priorité qui dépasse les autres, c'est de lutter au sein de l'UE, non pas s'exiler tout seul, mais pour en faire une Europe différente. De plus en plus de nations européennes rejettent massivement l'UE pour des raisons diverses et variées. Par exemple, l’Italie c'est pour des questions économiques et migratoires, la Hongrie c'est essentiellement l’immigration. Plus le temps passe, plus l'UE est critiquée et rejetée.

Nous devons tendre la main à ces pays-là plutôt que de faire cavalier seul dès le début. Le Frexit est prématuré, ce n’est pas une bonne stratégie selon moi.

 

 

La montée du « populisme ».

 

Q.U. : L'UE défend certaines valeurs lorsqu'elle s'oppose aux populistes comme en Italie, en Hongrie ou en Pologne. Aujourd'hui, l'UE s’inscrit véritablement dans une société commune de valeurs. J'espère que demain, on aura une Europe qui va tendre vers plus d’échanges, plus de social et plus de liens entre les différents peuples qui forment notre Union.

C’est pour cela que je ne suis pas forcément pour aller vers davantage de souverainisme européen afin d'éviter cette rupture avec les peuples. C'est assez paradoxal, par exemple en Italie, le gouvernement est eurosceptique mais ils ne veulent pas forcément quitter l'UE. Finalement, ils se sont rendu compte qu’ils ont beaucoup d'avantages à rester au sein de la zone euro.

Il y a un double mouvement des populistes qui se forment contre l'UE mais ces même mouvements ne veulent pas rompre avec l'UE. On le voit à l'échelle nationale, Marine Le Pen, qui a défendu le Frexit, a aujourd’hui abandonné cette idée. La plupart des européens ont compris l’intérêt d’être dans l'UE et ne veulent pas la quitter.  

 

J.M. : Si le populisme gagne en importance, c’est bien qu’il y a une raison derrière. Si tout le monde était satisfait du système en place, rien ne changerait. Si le populisme monte c’est bien parce que l’Union a déçu les populations européennes. Avant de condamner le populisme, il faut d’abord se demander d’où il vient et surtout pourquoi il surgit, et de surcroit de manière aussi explosive. Si l’on ne se pose pas les bonnes questions, ce mouvement va continuer de se développer et va devenir le principal courant. Si le populisme est considéré comme l’antéchrist de l’Union, il faut que celle-ci le comprenne et le connaisse si elle veut pouvoir y résister.

Les populations européennes attendaient certainement beaucoup plus de l’UE, plus que ce que cette dernière ne pouvait réaliser. Économiquement, du fait de la crise de 2008, les États ont connu des périodes très difficiles. La conjoncture économique actuelle pousse ainsi les pays à se recentrer sur eux-mêmes, ce qui ralentit l’avancée de l’UE.

 

E.H. : Visiblement, il y a des gens qui n'ont pas envie de mourir en Europe. Malgré tout ce qu'on peut dire, on assiste à un choc des civilisations où ce qu'on appelle les « autochtones » s'opposent à l’arrivée massive de nouveaux arrivants. Dans ce cadre-là, en fonction de l'histoire de chaque pays, des populistes arrivent au pouvoir.

Je considère que le populisme est simplement une réponse aux gouvernements modérés traditionnels qui ont démontré qu'ils étaient totalement incapables de gérer, d'anticiper et comprendre leur peuple. Si les dirigeants de centre gauche ou de centre droit avaient pris les bonnes décisions qui s'imposaient il y a trente ans, ils feraient des scores aux élections très nettement supérieurs à ce qu'ils font aujourd'hui et le Rassemblement National n'existerait pas en France. Ce parti n'aurait pas de raison d'exister puisque les bonnes décisions auraient été prisses à temps.

 

 

Quelles solutions pour l'avenir de Europe ?

 

G.S. : Il y a de nombreuses mesures de transpositions à mettre en œuvre, comme celles qui ont été prises récemment sur les usages des réseaux mobiles qui permettent une meilleurs coercition entre États membres. Ce ne sont pas des mesures très politiques ou qui vont nécessiter des choix arbitraires, ce sont au contraire des mesures qui pousseront les européens à utiliser davantage leur liberté de circulation pour un meilleur usage de l'Europe.

 

J.M. : Il faut en priorité relancer le marché industriel et économique en Europe. C’est pour moi l'essentiel afin de prouver la force de l’Europe et de peser davantage dans l'économie mondiale. Il faut renforcer la compétitivité de l'industrie et des entreprises européennes en créant un environnement favorable à celles-ci. Face à la mondialisation, nos PME doivent pouvoir trouver grâce à l'Europe un tremplin économique, un allié certain. Cela passe notamment par la suppression des obstacles qui entravent les échanges et en veillant à mettre en place un marché favorable aux entreprises et consommateurs, fondé sur des règles transparentes, simples et cohérentes. Le but est de favoriser la croissance économique et la création d'emplois mais sans que l'UE ne vienne imposer un ensemble de normes lourdes et contraignantes à appliquer.

 

E.H. : Il faut éliminer tout ce qui peut entraver la coopération entre les États membres. Par exemple, la cas de l'alliance Alstom-Siemens qui vient d’être rejeté par la Commission européenne, c'est un exemple typique où des élus mettent en place des politiques et d'autres non-élus viennent leur dire : « non ce n’est pas possible ». Quand on se veut un minimum démocrate, cela me semble illégitime.

Si on veut que l'Europe ait un sens et un avenir, il faut qu'elle puisse se donner les moyens économiques de bâtir cet avenir en donnant des gages d’efficacité aux peuples européens. C'est bien de parler d'Europe, mais si l'Europe sert à quelques chose, on l'aime d'autant plus.

 

 

Les jeunes et l'Europe ?

 

G.S. : À travers le programme ERASMUS, on aperçoit une vision plus européenne de nos territoires. Cela permet des rencontres, une coopération ainsi qu'une plus grande richesse culturelle. Il nous faut élargir cet esprit à tous les domaines européens.

Autrefois, la paix était le principal moteur de la construction européenne. Aujourd'hui, soixante ans plus tard, nous les jeunes ne savons pas ce qu'est l'Europe en guerre. Il est important d’avoir une Europe unie plutôt que des justifications vielles de cinquante ans.

 

Q.U. : En tant que jeune, je souhaite une Europe où l'on ait plus d'échanges, où l'on aille voir ce qui se passe ailleurs, où l'on se rende compte que le Roumain, le Suédois ou le Lituanien n'est pas si différent de nous. Au fond, on peut très bien faire un projet atypique et novateur où l'on va s'unir et se fédérer parce qu'on est les mêmes. Il n'y a pas tant de différences entre les peuples européens. On a des divergences dans toutes nos sociétés, mais on a un socle de valeurs communes avec l'envie de respecter la liberté et les droits fondamentaux.

J'ai passé un an en Irlande, j'ai une partie de moi qui se sent irlandaise aujourd'hui. On peut très bien aimer son propre pays sans forcément vouloir réaffirmer des frontières. On peut être fier de son pays tout en aimant celui de nos voisins et vouloir vivre ensemble.

On est la première génération qui n'a que connu l'UE post-Maastricht, je pense que quasiment aucun d'entre nous ne voudrait revenir à l'ancien système. Cela nous paraîtrait absurde de devoir passer la douane pour aller en Allemagne, c'est une idée qui pour nous n'est plus acceptable.

 

J.M. : L'UE peut nous réunir et nous rapprocher entre jeunes. Elle peut créer un groupe, une cohésion transnationale, sans non plus aller vers une citoyenneté unique européenne. Elle peut rapprocher plusieurs citoyens de nationalité différente au sein d'un même groupe, ce qui reprendrait son slogan : « L'unité dans la diversité ». L'exemple type est celui du programme ERASMUS. On rencontre des personnes d'autres nationalités sans se dire que ce sont des étrangers. Bien sûr, il y a des différences de culture, mais c'est un peu comme si on comparait un Corse et un Breton. Comme on provient tous d'un même programme de mobilité, des liens se tissent beaucoup plus facilement qu'avec des étrangers avec qui on n’a aucun point commun.

 

E.H. : Ce que j'attends de l'Europe, ce n'est pas ni quelque chose de technique ou de politique, c’est quelque chose de l'ordre du respect de soi-même. J'aimerais que les européens sachent véritablement ce qu'est l'Europe. Il faut répondre à la question : qui sommes-nous ?

J'attends de l'Europe qu'elle assume son identité et qu'elle ne l'oublie pas. L'Europe est un patrimoine, tout patrimoine qui disparaît est une perte. J'attends que l'Europe se défende, notamment sur le plan culturel, parce qu'en dépendra son existence. Les peuples ne survivent que parce qu'un jour ou l'autre ils ont décidé de se révolter ou de se battre pour survivre, sinon ils meurent. Moi je me bats pour ne pas mourir.

 

 

Propos recueillis par

 

Romain SAINT-JOAN

 


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