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Le Décodé : Madame, bonjour, merci d’avoir accepté cet entretien ! Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Chloé Trictin : Oui bien sûr, je suis Chloé Trictin, je suis chargée d’orientation et d’insertion professionnelle au SUIO-IP (Service Universitaire d'Information et d'Orientation et d'Aide à l'Insertion Professionnelle) depuis douze ans. J’ai occupé plusieurs postes au sein du SUIO et puis depuis 2010, j’évolue au sein du pôle insertion professionnelle et relation avec les entreprises. Ma mission plus particulièrement au sein du SUIO est de coordonner l’ensemble des ateliers que l’on propose, d’animer des conférences et de coordonner le module vie professionnelle. J’organise également une journée de rencontre avec les professionnels, qui s’appelle « Les rendez-vous Pro : les métiers de l’emploi public territorial ». Enfin, je travaille sur toutes les autres missions du SUIO, pas en étant aux responsabilités, mais en simple collaboration : « Infosup », les Journées Portes Ouvertes (JPO) ; j’effectue une demi-journée de permanence d’accueil, je réponds au téléphone et je fais de l’accompagnement individuel sur de la recherche de stage et de la recherche d’emploi.
Pour le nouvel étudiant qui ne sait pas ce qu’est le SUIO-IP, qu’est-ce qu’on y trouve ?
Le SUIO est le Service Universitaire d’Information et Orientation et d’aide à l’insertion professionnelle ; dix-sept agents y travaillent. Normalement, l’étudiant qui arrive à l’université nous a rencontré en dehors, notamment sur le salon « Infosup ». Sur ce salon, on a pu lui transmettre une information claire et précise sur l’ensemble de l’offre de formation que l’on propose à l’université.
Le SUIO c’est un lieu qui vous accueille tous les jours, sauf le lundi matin et le vendredi après-midi, y compris entre midi et deux. On peut y venir rencontrer un chargé d’insertion et d’orientation professionnelle pour parler de ses problématiques, de son projet d’étude, de projet d’emploi ou encore de réorientation.
Sur les étudiants qui viennent, quelles sont les difficultés que vous êtes amenés à gérer ? Y a-t-il des demandes assez spécifiques ?
Les demandes sont spécifiques en fonction du moment de l’année universitaire. Au tout début, vers le mois de septembre, on est face à des étudiants qui ont raté les dates d’inscription et qui ne savent pas quoi faire de leur année. On va étudier avec eux les possibilités qu’ils ont pour ne pas perdre cette année.
Au mois de novembre on commence à traiter des problématiques sur la réorientation des étudiants qui sont en première année. Cela concerne notamment les étudiants qui ont fait le choix de certaines études, parfois par défaut, et qui se rendent compte que ça ne leur correspond pas. Dans ce cas, on va avoir beaucoup de questions autour de la réorientation et notamment en fin de premier semestre.
Ensuite, on va avoir une phase au moment des examens et une petite après des examens sur la thématique : « j’ai échoué à mes examens, qu’est-ce que je peux faire ? ».
On a également la période recherche de stage, généralement en janvier-février. Les étudiants s’interrogent : « j’aimerais faire un stage, mais comment s’y prendre, je n’ai pas de réseau ».
Enfin, en juin on a traité les problèmes de Parcoursup, ce qui nous donne beaucoup de travail. Il faut aussi gérer des personnes qui n’ont pas eu leur année, ou qui n’ont pas été sélectionnées dans la formation de leur choix.
Justement, de Parcoursup, vous en pensez-quoi ? Comment le SUIO gère ses difficultés ?
Concernant Parcoursup, c’est la première année, on découvre au fil de l’eau la plateforme. On travaille en collaboration avec la scolarité générale qui gère la plateforme et, également, les responsables des composantes. Le système évolue par rapport à APB puisqu’il n’y a plus de choix hiérarchisés, ce qui a amené certaines difficultés pour les inscriptions. Pour le moment, il est difficile d’en tirer un bilan puisque ce n’est pas terminé. On pourra vraiment en tirer des conclusions à la fin de la procédure complémentaire.
Le SUIO propose des modules professionnels, qui permettent de bénéficier d’une bonification, quel est l’objectif ?
Dans ce module vie professionnelle, je m’occupe de proposer des ateliers sur la construction du projet professionnel, la valorisation des expériences, la création de CV, de lettres de motivation, la recherche de stage, etc. C’est ouvert à tous et c’est gratuit, mais c’est sur la base du volontariat. Les étudiants doivent donc prendre sur leur temps personnel ; et généralement, on passe après l’université, les petits boulots, les stages et après la vie étudiante, ce qui normal. Ainsi, le SUIO arrive à ce moment-là. On trouve toutefois dommage de ne pas pouvoir valoriser cet engagement. On a donc été faire du lobbying auprès des doyens pour leur proposer de mettre en place un module où l’étudiant signerait une sorte de contrat moral avec le SUIO : « Je m’inscris dans ce module vie professionnelle, je m’engage à suivre tant d’ateliers, tant de rencontres avec des professionnels et à la fin de rendre un petit dossier ». C’est sur ce petit dossier, les présences aux rendez-vous et aux ateliers, qu’on attribue une note que l’on transmet à la scolarité. Ce module est proposé aux étudiants de licence de droit et de licence d’AES qui le valident au semestre 6. Il est aussi proposé aux Master 1 de droit et SES qui le valident au semestre 2. Enfin, il y a une nouvelle modalité cette année qui s’appelle modalité engagement associatif proposé pour les Master 1 de la TSE.
Vous parlez de la modalité « engagement associatif », de quoi il s’agit ?
Le module vie professionnelle qui a été lancé il y a quatre ans. Cette année, en M1 droit, il y a eu cent-quarante-six validations et soixante-quatre pour les licences. En AES, ils sont vingt à avoir validé et en M1 SES ils sont quinze. Pour résumer, il y a trois possibilités de validation du module professionnel : la modalité stage, la modalité projet et cette fameuse modalité engagement associatif.
La modalité stage est destinée à l’étudiant qui fait un stage de dix jours ouvrés consécutifs dans une structure. En prenant cette modalité, il va suivre des ateliers particuliers en plus de son stage. Pour autant, nous ne voulions pas que cette modalité soit discriminatoire pour les étudiants qui n’ont pas eu la chance de faire un stage. On a alors proposé une alternative qui s’appelle modalité projet professionnel. Pour celle-ci, l’étudiant doit suivre un autre type d’ateliers pour l’aider à construire son projet professionnel.
Récemment, un texte est passé sur la validation de l’engagement associatif. Désormais, l’université doit valoriser l’engagement associatif de ses étudiants. Pour cela, nous avons créé une troisième modalité, c’est la modalité engagement associatif. Lorsque l’étudiant fait partie du bureau d’une association, qu’il fait du bénévolat dans une association et qu’il va acquérir un certain nombre de compétence alors on lui demande de suivre un certain type d’ateliers et on lui attribue la bonification.
Pensez-vous que l’université prépare suffisamment les étudiants à l’insertion professionnelle ?
On essaye ! Les étudiants qui passent par le SUIO le pensent, notamment parce qu’on a tous les ateliers d’aide à l’insertion professionnelle. Dans ces ateliers, on travaille vraiment sur la présentation, la valorisation de son job étudiant, de son stage, l’identification de ses qualités et de ses motivations. On a aussi donc un volet d’accompagnement individuel en cas de besoin.
Et puis encore une fois, on organise des « rendez-vous Pro » tous les ans. Par exemple, le 23 octobre, il y aura le Airbus Day avec une rencontre autour de l’entreprise. Des diplômés d‘Airbus viendront parler aux étudiants de leurs métiers. Il y a aura les rendez-vous Pro métiers de la justice, de la défense et de la sécurité, les rendez-vous Pro métiers de l’emploi public territorial, les rendez-vous Pro du droit en janvier, les rendez-vous Pro sur le développement du territoire en février et ceux sur les métiers de l’informatique en janvier. Il y également la possibilité d’assister à des mini-conférences entre midi et deux où l’on fait intervenir des professionnels des mondes sociaux et économiques.
On essaye aussi de travailler sur les réseaux des étudiants. On a lancé une plateforme qui s’appelle Alumni. C’est quatorze mille utilisateurs activités, neuf cents recruteurs physiques et trois mille entreprises référencées. On a publié deux mille offres de stage, d’alternance et d’emploi. On est dans une dynamique d’aide à l’insertion professionnelle avec Alumni, et maintenant, tout le monde est d’accord sur le fait que l’université a vocation à préparer ses étudiants à l’insertion professionnelle. On va donc multiplier les initiatives.
Avez-vous une anecdote amusante à laquelle vous avez été confrontée au cours de votre carrière ?
J’ai davantage d’anecdotes qui me touchent qu’amusantes ; bien qu’elles restent amusantes en fait. C’est quand les étudiants que j’ai connu au cours de mes douze années ici, lors de rendez-vous individuels, passent de l’autre côté ; c’est-à-dire quand j’organise les rendez-vous Pro et que je les retrouve, mais du côté des professionnels. C’est vraiment ce qui me touche le plus, car, s’ils reviennent à l’université, c’est que ça s’est bien passé pour eux.
Au contraire, quelque chose de plus déplaisant ?
Je ne vais pas critiquer l’université. Au fond, ce qui est difficile c’est de sentir des étudiants en souffrance. Généralement, cela s’inscrit dans un tout et le SUIO peut ne pas avoir prise. Quand il y a des problématiques plus globales, on ne peut pas faire grand-chose et on se sent un peu démunis. Dans ce cas, il faudra que l’étudiant travaille sur ces difficultés pour que l’on puisse l’aider. C’est pour cette raison que l’on travaille avec la médecine préventive et les assistantes sociales. On a la chance d’avoir dans notre service des psychologues de l’éducation nationale, que l’on connaît par l’appellation COP (conseiller d’orientation psychologue), et que l’on appelle maintenant psychologue de l’éducation nationale spécialisé en orientation. L’avantage est qu’ils ont vraiment une formation de psychologue et qu’ils vont pouvoir prendre en charge l’étudiant dans sa globalité.
Que doit savoir l’étudiant concernant le SUIO (informations à l’usage des usagers) ?
On est ouvert tous les jours sauf le lundi matin et le vendredi après-midi, de 9H30 à 17H00, y compris entre midi et deux. Il y a la possibilité de rencontrer des chargés d’orientation ; et entre midi et deux, il y a la possibilité de rencontrer des étudiants tuteurs qui sont recrutés et formés par le SUIO. Leur rôle est de faire un retour d’expérience aux nouveaux étudiants ; et on ne s’adresse pas de la même façon à un chargé d’insertion qu’à un étudiant tuteur. Il n’y a pas besoin de prendre rendez-vous pour rencontrer un chargé d’orientation et d’insertion, sauf si la demande est spécifique.
Merci d’avoir accepté cet entretien et nous vous souhaitons bon courage pour l’année universitaire 2018-2019.